Relativity
Cette critique portera sur la lithographie Relativity par l’artiste connu sous le nom de M.C Escher. Maurits Cornelis Escher est un artiste multidisciplinaire, mais avant tout il est un lithographe hollandais hors pair. Il consacra la majeure partie de sa carrière à étudier les perspectives et les différends angles de vue. Né en 1898 à Leeuwarden, il commença le dessin au lycée d’Arnhem puis il fréquenta l’École d’Architecture et des arts décoratifs de Haarlem. Il vécut ensuite plusieurs années en Italie ou il perfectionna son art. En 1941 il retourna en Hollande où s’établira et s’épanouira grâce à sont art. Il mourut en 1972. Escher passa sa vie à dessiner, en tout et partout, 448 œuvres majeures. Le style de l’artiste se démarque dans la construction et l’utilisation des perspectives. Il est caractérisé comme étant un artiste surréaliste et par plusieurs comme un surréaliste « métaphysique ». Au début de sa carrière, il se pratiqua en dessinent plusieurs paysages et scènes, mais c’est lors de sont retour d’Italie qu’il concrétisa sont art en employant perspectives et angles de vue.
La lithographie est l’art de reproduire par impression les dessins tracés avec une encre ou un crayon gras sur une pierre calcaire.[1]
L’œuvre Relativity se démarque des autres dessins populaires par sa perspective hors du commun. Elle fait partie d’une suite de 5 gravures basées sur les perspectives et la relativité. Imprimée en 1953, l’image est constituée de plusieurs escaliers ayant chacun leurs balcons respectifs. Les escaliers sont tous disposés à l’opposée les uns des autres. Leurs dispositions sont inversées, comme s’ils appartenaient à 3 mondes différents. Chaque escalier possède aussi un double qui est employé dans le sens inverse.
Nous avons ici trois forces de gravité qui agissent perpendiculairement l’une à l’autre. Trois surfaces terrestres se coupent à angle droit et des êtres humains vivent sur chacune d’elles.[2]
Cette illustration nous permet de voir un monde à 3 dimensions, chaque dimension se différenciant les unes des autres. Les personnes qui semblent habité chaque dimension n’ont aucune interaction avec les habitants des autres dimensions. Ils déambulent entre les escaliers, certains montent alors que d’autres descendent en utilisant le même escalier. Ce n’est pas seulement les escaliers qui sont représentés dans chacune des dimensions, mais aussi la vie extérieure de la pièce. On peut y voir dans toutes les dimensions des arbres poussant dans des directions inversées aux autres, renforçant l’aspect de trois dimensions distinctes.
Il est impossible pour les habitants de mondes différents de marcher, s’asseoir ou se tenir debout sur le même plancher, car ils ont des conceptions différentes de l’horizontal et du vertical.[3]
Lorsqu’on regarde l’illustration pour la première fois, un sentiment de confusion vient rapidement nous envahir. Notre cerveau tente de rationaliser l’espace qui est devant nos yeux. Comme dans la plupart des œuvres d’Escher, l’espace est déconstruit et ne suit pas une logique. Les multiples escaliers et personnages nous étourdissent et nous rendent confus dans notre compréhension de l’image. Il faut prendre du recul et regarder plusieurs fois l’œuvre pour bien saisir l’ampleur et la complexité des perspectives. L’œuvre ne semble pas nous faire part d’un récit, elle nous fait plutôt part d’une situation, d’un constat. Ce constat nous le verrons dans la représentation que je me fais de l’œuvre.
L’indifférence
Lorsque j’ai réfléchi sur le message que pouvait porter cette image, j’ai tout de suite pensé à l’indifférence. Les habitants de chaque dimension n’ont aucun contact avec ceux des autres dimensions alors qu’ils utilisent les mêmes escaliers en sens inverse. Pour moi, cette image représente l’indifférence des gens au jour le jour. On côtoie, rencontre, croise des centaines de personnes par jour sans vraiment leur porter attention ou juste les saluer. L’image représente bien cette attitude qu’a l’homme moderne dans la majorité des sociétés. Les dimensions, toutes différentes pour la plus part des habitants, représente la petite bulle que les individus se créent pour éviter de rencontrer ou d’intervenir dans la vie des gens qu’ils rencontrent.
Univers parallèles
L’analyse du titre peut aussi être très révélatrice. Le terme Relativity, utilisé par l’auteur, réfère à plusieurs concepts. Il nous vient rapidement à l’esprit le terme relativité amené par Albert Einstein lors de sa célèbre théorie. On peut facilement penser qu’Escher fut grandement inspiré par la théorie de relativité d’Einstein lorsqu’il travailla sur ses 5 lithographies. On peut ressentir dans Relativity cette distorsion du temps, cette conception que le temps ne semble pas être le même partout. Dans la gravure, on peut facilement déduire que les personnages ne vivent pas au même rythme d’où les dimensions différentes. Le temps un peu à l’image de la théorie d’Einstein (pardonnez-moi ce résumé très grossier de la théorie de la relativité) semble suivre un cours très différent pour les 3 dimensions.
Références
Il n’est pas rare de constater dans plusieurs jeux vidéo, des références directes ou indirectes à Relativity. Que ce soit dans Devil May Cry, Guntlet : Dark Legacy, Echo Chrome ou encore Chrono Cross pour ne nommer qu’eux, les références à ce monde sont fréquentes. L’emploie de perspectives tordues et de gravités anormales, ne sont que quelque exemples. Les amateurs de jeux vidéo vous le confirmeront. Plus encore, plusieurs films se sont inspirés de ce monde tridimensionnel. Nous avons qu’à penser au film Labyrinth avec David Bowie ou The Matrix : Path of Neo. Ce ne sont que deux petits exemples parmi une liste impressionnante de production qui se sont inspirés de cette illustration pour concevoir un film et construire un monde éclectique qui sort de l’ordinaire.
[1] Dictionnaire en ligne Larousse,
http://www.larousse.fr/encyclopedie/nom-commun-nom/lithographie/66252
[2] Escher, M.C (1989), M.C Escher l’œuvre graphique, Édition Taschen
[3] Escher, M.C (1989), M.C Escher l’œuvre graphique, Édition Taschen